Hier soir quand il a fermé ses yeux, j’ai laissé aller les larmes… Les miennes… Ce genre de soir où la fatigue, l’angoisse, la pression de la journée retombent mollement et se transforment en torrent. C’est ainsi que j’évacue « les mauvaises choses », et comme souvent dans ces moments là, j’ai ressenti le besoin de le voir dormir…
À pas de velours, je suis descendue dans sa chambre, il dormait petit ange… Profondément… Enfin… Après une heure de lutte acharnée avant qu’il ne se laisse aller dans les bras de Morphée… Ce soir, une fois encore j’ai perdu mon sang froid… Je suis quelqu’un de naturellement impulsif, qui manque cruellement de patience….
Devenir maman met forcément à rude épreuve les sus-dites cordes sensibles… Et pourtant, je travaille un peu, beaucoup, passionnément à améliorer cela, à façonner ces traits de caractères… Mais que voulez-vous on ne fera jamais d’un chien un chat (ça marche aussi avec les chevaux et les chameaux, les canards et les cygnes…), je suis ainsi et je fais au mieux pour composer avec…
C’est un caractère qui me vient de mon père, et plus loin encore de ma grand-mère, et probablement de son propre père avant elle, à propos de qui, j’ai entendu de sombres histoires… « Borrasca », qu’ils les appelaient dans leur pays, ça veut dire « tempête« , difficile alors qu’il en soit autrement…
C’est un été ordinaire chez nous, quand le temps s’écoule plus lentement chez les autres, chez nous il s’accélère, je travaille dur à ce que vos vacances soient celles que vous avez imaginées, un peu comme dans un jolie songe. Alors, je cours plus vite que le reste de l’année, je rentre plus tard encore, après avoir passé de longues journées à émerveiller les chanceux de passage dans mon pays….
Mais, quand vient le soir, toute cette énergie dépensée pour le bonheur des autres s’égrène au détriment des miens, de ceux que j’aime plus que tout. C’est alors que la tempête s’éveille et que j’en demande beaucoup à ceux qui n’ont rien demandé…
Impétueuses relations que celles que nous entretenons lui et moi… Faites de hauts très hauts et de bas très bas… Drôle de miroir que voilà, petit ange d’un soir et démon de midi comme un écho à celle que je suis.
Cela vole, cela cri, cela s’agite, cela se serre fort, se pardonne, se culpabilise… Cela pleure bruyamment, cela rit bruyamment, cela danse, chante, explose de joie et cela boude, tape du pied…
Les chaudes journées d’été sont rythmées par des séparations et des regards en dessous, lourds de reproches et accusateurs… « pas encore au travail maman… » Le coeur est lourd, mais il le faut pourtant – pour Tant ? -…
Quand mon grand asticot a toujours fait preuve d’une diplomatie exemplaire, d’une impeccable tenue, d’une sorte de douce résignation quand aux absences estivales de sa maman, son petit frère lui explose, exulte, cri, pleure, s’exprime… Tiens il me rappelle quelqu’un… Il semblerait qu’il soit un « borrasca » lui aussi…
Alors que voulez-vous tempête contre tempête cela ne fait qu’ouragan, ça ressemble à du Fellini ici par nos chaudes journées d’été…
Et puis le soir vient, la chaleur retombe, le calme s’impose… Et je me glisse à pas de velours dans la chambre de ce petit ouragan, je réalise à quel point je l’aime… Je réalise qu’il s’agit d’amour, que nous sommes tous en manque d’amour… Je m’allonge tout à côté, j’observe sa respiration régulière, les traits de son visage, ces longs cils sans fin, cette petite carcasse toute pleine de vie…
Mes enfants réussissent l’impossible… Ce sont les seuls êtres sur cette terre capables d’inspirer un tel apaisement intérieur chez moi qui, en un rien de temps peuvent transformer le typhon en brise de printemps… Je prends tout à coup conscience qu’il n’a pas encore tout à fait 3 ans, j’ai oublié qu’il n’a que 3 ans… Une fois de plus… Une fois de trop… Il ne sait pas encore ce qui dort en lui, il ne sait pas encore comment maîtriser la tempête…
Ce tempérament de feu, il est en lui, je n’y peux rien, lui non plus… Je vois qu’il tente de le dompter peu à peu, pas à pas… Mais, petit ange, rien ne sert de lutter, cela est contre nature, contre TA nature, j’en sais quelque chose… Cela fait de toi celui que tu es, c’est ainsi que je t’aime ma tempête, mon ouragan… Tu ne changeras pas de sitôt, en fait tu ne changeras jamais, oh oui, j’en sais quelque chose… Il m’est si difficile encore aujourd’hui de trouver les cordages qui arriment le navire.
Tu n’aimeras pas tu adoreras, tu ne seras pas triste, tu seras malheureux, tu ne seras pas déçu, tu seras en colère, tu crieras et tu t’en voudras, tu riras quand tu seras heureux, tu détesteras autant que tu aimeras… Tu mélangeras parfois tout ça et la vie n’en sera que plus colorée. Évidemment, cela pimente un peu les choses… Evidemment, il y aura des montagnes à gravir, des marches à descendre, mais c’est ainsi que l’ont se sent vivant mon fils… En vivant…
« Voyez-vous, dit-il, l’avantage des tempêtes, c’est qu’elles vous libèrent de tout souci. Contre les éléments déchaînés, il n’y a rien à faire. Alors on ne fait rien. On s’en remet au destin. »
Vendredi ou La Vie sauvage de Michel Tournier
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Tu décris si bien ce sentiment que je connais trop bien étant moi même de nature impatiente. Je me retrouve dans ces sentiments extrêmes que peut ressentir ton fils, little G par sa sensibilité est pareil et c’est parfois un peu fatiguant.. Ton billet est magnifique et on se prend tout l’amour que tu as pour lui, pour eux, en pleine tronche. Jolie et super maman <3
C’est fou oui… Cet amour, ces paradoxes, ces sentiments incontrôlables… C’est ça être maman… Et je sais que tu sais tant tes billets me font écho ! 😉 Merci encore et encore de tes commentaires belle Flore. Tu restes un exemple de blogueuse pour moi ! Bisettes !
Si j’ai parfois (souvent) ce caractère tempétueux, et impatient, il n’est rien en comparaison du tempérament de celui que j’aime/ Cela nous vaut parfois des » bourrasques » passionnées. Alors forcément pour notre Bébou il ne pouvait pas en être autrement. Et même si sur le moment ce n’est jamais facile, je n’aimerai pas qu’il en soit autrement!
Pfiouuu j’imagine pas ce que cela serait si mon z’hom avait lui aussi la tempête ! 😉 Il a aussi son caractère ceci dit, mais il sait s’en servir à bon escient ce qui aide beaucoup face aux extrêmes qu’il doit supporter 🙂 Merci en tout cas comme toujours de passer par ici et de laisser ta petite trace de poulette ! Bisettes !
Très beau texte, c’est si dur quand on perd patience…
Ohh oui, tellement culpabilisant et difficile. Mais ça serait bizarre des mamans toujours au top hein ! Merci Johanna ! Bisettes
Cet article est Si beau Si touchant Si émouvant si vrai et sincère … Une maman qui sait mais qui ne peut que laisser voir et apprendre à son enfant! Le laisser regarder la vie… Cette vie surprenante qu’il lattend. Jadore ton article je suis fan de ton écriture de tes mots placés à cet endroit précis Jadore… Je ne te l’ai pas deja dit?lol.
Merci ma Flechette
Ohhhh mais merci ma petite Plume, t’es trop mignonne ! C’est vrai que j’ai eu vraiment plaisir à l’écrire. Et tu décris tout à fait ce sentiment : être spectatrice de leur évolution tout en l’épaulant au mieux, après tout c’est notre rôle de maman.
Je t’embrasse et merci pour tes mots, ils me font plaisir t’imagines même pas comment ! Bisettes
Magnifique et tellement émouvant! Je connais que trop bien ce sentiment de culpabilité parce qu’on arrive pas toujours à apaiser nos tempêtes intérieures et que d’une manière ou d’une autre ça doit sortir… et souvent ça sort sur les êtres qu’on aime le plus et qui nous ressemble le plus, ces petits êtres qui sont comme des éponges et qui débordent d’amour! bisous ma belle!
C’est ça, souvent au mauvais moment au mauvais endroit… Et alors c’est toujours plein de paradoxes qui se bousculent dans nos têtes et dans les leurs… Merci de ton commentaire, toujours tellement agréables !
Emouvant, on ressent beaucoup de choses en te lisant. Courage
😉 Merci beaucoup ! J’aime bien écrire mes billets de façon très transparente mais celui-ci est l’un des plus personnels… C’est vrai ! Merci beaucoup pour votre commentaire ! Il fait chaud au coeur !
Ton texte me boulverse ma petite Laurette ! Il est si bien écrit et je ressens ce que tu ressens dans chacun de tes mots. Je suis être une » borrasca » moi aussi tant mes émotions sont décuplées à chaque fois. Il y a beaucoup d’amour dans ce que tu dis : apprendre à s’accepter, s’aimer et faire de même avec les siens. Nos enfants sont les meilleurs êtres au monde pour avoir le pouvoir de nous apaiser en un clin d’oeil. Bisettes.
Merci ma petite Chloe… Je crois que ce n’est pas un hasard si toute ces tempêtes se retrouvent à rédiger de longs articles pour le reste du monde 🙂 Finalement c’est notre façon à nous d’exorciser nos démons, nos tornades et nos bourrasques… Tellement de belles rencontres par ici dont tu fais parties !
Bisettes des Fléchettes !